• Ordi. à l'école? Parlons-en

     VousNousIls l’e-mag de l’éducation

    Les employés de socié­tés high-tech de la Silicon Valley dépensent une for­tune pour envoyer leurs enfants dans une école Waldorf dépour­vue d'ordinateurs.

     
    Old-School in Silicon Valley - Credit: Jim Wilson/The New York Times

    Crédit photo : Jim Wilson/The New York Times. Cliquer pour accé­der à un dia­po­rama sur l'école Waldorf.

    Le direc­teur tech­nique d'eBay par­tage un point com­mun avec plu­sieurs cadres supé­rieurs de socié­tés de pointe de la Silicon Valley comme Google, Apple, Yahoo et Hewlett-Packard : ils envoient leurs enfants dans une école... sans ordinateurs.

    La Waldorf School of the Peninsula est l'une des 160 écoles Waldorf des Etats-Unis, dont 40 en Californie, pour­tant un bas­tion des nou­velles tech­no­lo­gies. La péda­go­gie de cet établis­se­ment repose avant tout sur l'éducation phy­sique et le tra­vail manuel. Il n'y a pas d'écran en classe : seule­ment du papier, des sty­los, des aiguilles à tri­co­ter, par­fois de la terre glaise. De bons vieux tableaux noirs, des pupitres en bois et des ency­clo­pé­dies sur des étagères contri­buent à l'ambiance rétro.

    Les par­ti­sans de la péda­go­gie Waldorf estiment que les ordi­na­teurs inhibent la créa­ti­vité, le mou­ve­ment, les inter­ac­tions sociales et la capa­cité d'attention. Les trois quarts des parents d'élèves tra­vaillent dans des firmes high-tech et sont sur­con­nec­tés, mais ils n'y voient pas de contra­dic­tion avec ce choix d'éducation pour leurs enfants.

    13.000 à 18.000 euros par an pour une éduca­tion « déconnectée »

    Alan Eagle, ingé­nieur chez Google et dont les deux enfants vont à l'école Waldorf, estime qu'il y a un temps pour tout, y com­pris pour la tech­no­lo­gie. Pourquoi se pres­ser ? Apprendre à se ser­vir d'un ordi­na­teur, « c'est super-facile, affirme-t-il. C'est comme apprendre à se ser­vir du den­ti­frice. A Google et dans toutes ces boîtes, nous ren­dons la tech­no­lo­gie aussi facile à uti­li­ser qu'il nous est pos­sible. Il n'y a pas de rai­son que les enfants n'y arrivent pas quand ils seront plus âgés. »

    Cette éduca­tion « décon­nec­tée », à l'ancienne, n'est pour­tant pas don­née. Il faut en effet comp­ter 17.750 dol­lars (13.200 euros) par an de la mater­nelle au col­lège, et 24.400 dol­lars (18.150 euros) par année de lycée. Thierry Klein, pré­sident de Speechi (société qui déve­loppe des logi­ciels de for­ma­tion en ligne), ana­lyse sur son blog les rai­sons qui poussent ces parents high-tech à dépen­ser une petite for­tune pour pri­ver leurs enfants des gad­gets modernes :

    « Il y a bien sûr la convic­tion, étayée main­te­nant par de nom­breuses études, que la tech­no­lo­gie n'améliore pas, ou pas beau­coup, le niveau des élèves. Mais le fac­teur clé [...] est la convic­tion qu'ont les parents que [la tech­no­lo­gie] diver­tit les élèves, les détourne du savoir. Celui qui va sur Internet [...] a toutes les chances de se retrou­ver à faire autre chose que de la recherche (lire la bourse, les résul­tats spor­tifs, chat­ter sur MSN...). Les concep­teurs des machines que sont Google, l'iPad ou encore eBay sont par­fai­te­ment conscients du phé­no­mène d'addiction qu'ils créent et veulent en pré­ser­ver leurs enfants. C'est d'un cynisme génial. »

    Quentin Duverger